Les éditeurs de jeux vidéo peuvent désormais compter sur une nouvelle clientèle. De nouveaux geeks, qui ne demandent qu’à apprendre, à découvrir et à s’amuser… les jeunes seniors. Un baromètre récent confirme ainsi qu’un senior connecté sur trois joue à des jeux en ligne, que ce soit sur Internet ou via des applications*. Le début d’une vraie tendance !
Les acteurs du métier l’ont bien compris : de plus en plus d’évènements voient le jour qui permettent aux seniors de révéler tout leur potentiel de gamer. A Paris, la Gaîté Lyrique organise ainsi des ateliers d’initiation aux jeux vidéo conçus spécifiquement pour ce public, Game Older. A Poitiers, la compétition de Wii Bowling seniors, organisée lors de la dernière Gamers Assembly, a même rencontré un franc succès.
Deux professeures de l’université de Cleveland, Deborah Espy et Ann Reinthal, se sont penchées sur ce phénomène. Leur recherche souligne les apports des jeux vidéo pour les seniors : amélioration de la capacité de concentration, de la coordination, des facultés motrices… Les jeux leur permettent également d’interagir davantage, que ce soit avec les autres joueurs connectés ou avec leurs proches – enfants, petits-enfants.
Des jeux vidéos thérapeutiques
Les chercheuses se sont intéressées en particulier aux jeux vidéo thérapeutiques, utilisés à des fins de rééducation. Ces jeux, immersifs, interactifs, s’adaptent aux besoins du joueur-patient, qui n’a ainsi plus besoin de quitter son domicile pour faire ses exercices. Les données collectées sont ensuite transférées au personnel traitant, qui peut ainsi suivre l’évolution du patient à distance et en temps réel.
De plus en plus de « jeux sérieux » voient par ailleurs le jour pour permettre aux seniors d’entretenir leurs facultés physiques et mentales tout en faisant progresser la recherche. On pense notamment à Sea Hero Quest, ce jeu en ligne qui entraîne les participants dans des courses poursuites et des labyrinthes… tout en collectant les données pour dépister les signes d’Alzheimer et faire avancer la recherche. D’autres jeux interviennent davantage en prévention, comme HAPPYneuron, qui s’adapte à chaque joueur et fait travailler ses fonctions cognitives, ou encore Rififi à Daisy Town, qui utilise le personnage de Lucky Luke pour sensibiliser aux facteurs de risque du diabète.
La réalité virtuelle, pour replonger dans le passé
Pour les seniors les plus âgés et les moins mobiles, ce sont les casques de réalité virtuelle qui ouvrent les perspectives les plus prometteuses. C’est le sens du projet BettVR with age, imaginé par Jake Kahana : permettre aux seniors de faire eux aussi cette expérience, avec des films de réalité virtuelle conçus spécialement pour eux. Ce designer et réalisateur explique au magazine Wired qu’il a passé six mois à interroger des pensionnaires de maisons de retraite pour savoir ce qu’ils attendraient d’une expérience de réalité virtuelle. Beaucoup ont évoqué des visites de musée, des concerts – les activités quotidiennes qui leur manquaient le plus. Les premiers tests – l’émotion d’un ancien chanteur qui a pu redécouvrir les rues de Londres et de Broadway dans lesquelles il avait habité – confirment que l’intuition de Jake Kahana était la bonne.
Jeux vidéos et réalité virtuelle permettent ainsi non seulement de prévenir et pallier des impossibilités physiques, mais aussi de retrouver des sensations passées. Certes, ces nouvelles perspectives technologiques n’en sont encore qu’à leurs balbutiements. On est encore loin de la Pensine d’Harry Potter, qui permet aux sorciers de s’immerger dans leurs propres souvenirs ou ceux d’autrui… Mais qui sait ? C’est peut-être la prochaine étape !
*Baromètre 55 +, TNS Sofres pour Cogedim Club.
Usbek & Rica