Agé de 55 ans, Ralph Hababou est consultant et l’auteur de « S comme Seniors », un ouvrage très remarqué dans lequel il « dresse un tableau de la planète seniors ». Il y décrit cette nouvelle génération de seniors, les baby-boomers, qui a à cœur de rester active et d’avoir accès à la consommation.
Son premier livre « Service compris », sorti en 1986, et co-écrit avec Philippe Bloch et Dominique Xardel, s’est vendu à plus de 500.000 exemplaires. Après ce succès, il a co-fondé PB-RH Conseil, sa société de conseil avec l’objectif de mettre en application concrètement les principes du livre. Il a écrit d’autre ouvrages, comme « Génération W », ou « Service Gagnant » en 2007, avant de s’intéresser aux seniors.
Pendant la « matinée d’immersion » de notre étude prospective, au cours de laquelle les baby-boomers entendront des experts dresser un portrait du monde de demain dans lequel ils vieilliront, il sera notre premier intervenant puis notre animateur, et agitateur d’idées.
En amont de sa participation, il nous explique pourquoi le sujet le passionne.
Génération Care : Comment en êtes-vous arrivé à vous intéresser aux seniors ?
Ralph Hababou : J’ai d’abord passé une vingtaine d’années à parler du service client, plus que des seniors. Mais comme nos clients vieillissent, je me suis demandé ce qui se passait et quelles étaient leurs nouvelles attentes. Je me suis plongé dans le monde des seniors et ce voyage m’a passionné. J’ai découvert qu’il y avait un problème dans la relation entre entreprises et clients qui vieillissent, que les entreprises ne se rendaient pas compte des conséquences. A force d’avoir toujours les yeux rivés sur les jeunes générations, elles délaissent un peu cette clientèle qui a un patrimoine considérable, du pouvoir d’achat, mais à qui il faut donner la possibilité de s’en servir, en adaptant par exemple les magasins, où les caddies sont trop lourds, les prix écrits trop petits, le manque de personnel pour guider et conseiller, etc.
G. C. : Qu’est-ce qui vous intéresse dans la démarche de l’étude prospective de Génération Care ?
R. H. : Dans toutes mes recherches, le phénomène majeur que j’ai constaté c’est l’arrivée en force des baby-boomers, cette génération née dans l’euphorie de l’après-guerre qui approche de l’âge de la retraite. On s’intéresse aux seniors, c’est très bien, mais il faut arrêter de voir les vieux dans le rétroviseur et s’intéresser plutôt à ceux qui arrivent, et ce sont justement les baby-boomers que certains surnomment les papy-boomers. Ce qui est intéressant dans la démarche de Génération Care, c’est de faire un focus sur cette population-là, avec qui on va avoir une réflexion sur ce qui va se passer dans quelques années.
On va bénéficier de l’input de plein de gens très différents, des sociologues, des gens qui travaillent en entreprise, des gens qui travaillent sur le vieillissement médical, etc. On aura un programme très diversifié qui permettra d’ouvrir les « chakras ». J’aime aussi cette idée d’avoir un laboratoire pour ces baby-boomers dans le but de recueillir leurs réactions. D’habitude on est un peu ventriloques, beaucoup de gens parlent à leur place et là ils vont nous parler en direct.
G. C. : Que vous inspire le mot d’ordre de l’étude : « Dans un monde qui change, vieillir est un futur à inventer » ?
R. H. : Ce que j’ai pu constater en m’intéressant aux seniors, c’est que pour les baby-boomers le vieillissement n’est pas une fatalité, c’est un style de vie. Ils savent qu’ils ne veulent pas vieillir comme ils ont vu vieillir leurs parents. Ils sont en train d’imaginer comment ça va se passer. Cette génération de la consommation est celle qui a inventé les couches-culottes, le lave-vaisselle et le viagra entre autres, et qui a toujours eu la capacité à avoir des produits et services qui leur facilitent la vie. Je pense qu’on peut leur faire confiance pour imaginer des produits et services qui vont leur permettre un meilleur vieillissement. Ils savent ce qu’ils ne veulent pas, ils sont en train de découvrir ce qu’ils veulent. Ça va vraiment être intéressant de mettre le microscope sur ces gens-là pour voir ce qu’ils vont inventer.
Propos recueillis par Sandrine Goldschmidt