140.000 prothèses de hanche sont posées chaque année en France en moyenne. Un chiffre qui devrait augmenter avec le vieillissement de la population et l’accroissement de fractures du col du fémur ou d’arthroses de la hanche. Pour le docteur Alexis Nogier, chirurgien spécialiste de la hanche, la pose d’une prothèse peut prolonger la pratique sportive et la bonne qualité de marche chez les seniors. A quatre conditions : un bon diagnostic, une équipe médicale expérimentée, un suivi attentif et surtout un patient exigeant. Interview.
Quelles sont les causes d’une opération de pose de prothèse de la hanche ?
Deux diagnostics principaux peuvent conduire à la pose de prothèses de hanche chez les personnes âgées. La fracture du col fémur occasionnée par une chute d’abord. Malheureusement c’est un contexte assez délicat car le patient n’est pas préparé et l’opération doit se faire dans l’urgence.
Et la deuxième cause d’intervention, c’est l’arthrose. Si cette pathologie peut survenir à tout âge, le diagnostic est souvent plus difficile chez les seniors d’âge avancé car la douleur peut venir d’autres causes liées au vieillissement, comme l’arthrose lombaire, la sciatique ou les problèmes neurologiques.
Une grande attention est donc de mise pour ne pas laisser « trainer » la douleur. Le fait que la personne soit âgée ne doit pas conduire à renoncer à cette opération ou à la retarder. Attendre c’est prendre le risque d’une dégradation fonctionnelle importante, c’est-à-dire d’une perte musculaire et d’une déstabilisation de la hanche, lesquelles accroissent le risque de chute et affectent la qualité de marche des personnes.
Comment se déroule l’opération ?
Avant de parler de la partie chirurgicale, il est important de rappeler que la partie anesthésie est particulière pour les personnes âgées. Le bilan pré-opératoire sera donc très précis pour s’assurer qu’aucune infection en cours n’est en mesure de nuire à l’intervention, et connaître les pathologies et traitements associés du patient.
Ensuite, l’opération en elle-même dure généralement une heure et demi. Nous employons aujourd’hui des techniques mini-invasives. On passe ainsi par la voie antérieure, certainement la meilleure voie d’abord pour préserver les muscles et permettre une meilleure récupération.
Pour les personnes âgées, les chirurgiens aguerris feront attention à la qualité des os. Car il n’est pas rare qu’elles souffrent d’ostéoporose et il est donc primordial d’éviter la fracture opératoire. On va ainsi plus volontiers employer des implants dits cimentés, plus adaptés en cas de fragilité osseuse.
Quel suivi est nécessaire après une telle intervention ?
L’hospitalisation sera généralement plus longue chez la personne âgée que chez une personne jeune, et comprise entre 5 et 7 jours. L’équipe médicale s’assurera de l’absence d’une déstabilisation des fonctions essentielles (pression artérielle, taux d’hémoglobine, saturation en oxygène…).
Et dès le premier jour, le deuxième tout au plus, elle fera se lever puis marcher les patients.
Mais une attention importante sera demandée pendant un mois et demi après la pose de la prothèse de hanche. La chute est le principal risque auquel une personne opérée s’expose et la personne âgée en particulier. Or une chute dans les semaines qui suivent une prothèse de hanche, c’est automatiquement une fracture autour de la prothèse, le déplacement de la prothèse et donc une nouvelle opération plus complexe pour replacer la prothèse.
Le suivi va donc consister à éviter ces chutes, en mettant les barres de lit la nuit pendant l’hospitalisation, en plaçant un lit au rez-de-chaussée si le patient a, dans son domicile, une chambre en étage, en roulant tous les tapis… Il faut aussi être très méfiant à certaines saisons, quand il y a des feuilles mortes sur la chaussée ou dans une cour ou du gel.
Et si les personnes âgées sont isolées, il est hautement recommandé de les orienter vers un centre de soins de rééducation dans lequel elles pourront récupérer pendant trois semaines dans un lieu sécurisé.
Des exercices sont-ils recommandés pour récupérer plus vite ?
Le vélo d’appartement est sans doute le plus approprié. Car pédaler sans forcer permet d’effectuer un rodage de la hanche. La balnéothérapie est aussi très appréciable, une fois que les fils et agrafes ont été retirés. Car dans une petite piscine les patients sont plus légers et peuvent se remettre plus aisément en mouvement.
Et bien sûr, il faut marcher tous les jours, au minimum 15 minutes et accompagné. Sauf en cas de douleur, il faut donc stimuler le corps pour refaire fonctionner les muscles et l’articulation.
Peut-on s’attendre à des innovations pour améliorer cette opération sensible ?
Les prothèses sur mesure vont indiscutablement permettre d’avoir un geste chirurgical plus précis et améliorer encore la récupération. Leur utilisation se développe aujourd’hui. L’avantage c’est qu’elles ont une forme identique à l’os du patient, contrairement à des implants standards plus ou moins adaptés en fonction des personnes et de leur fragilité osseuse.
Mais le plus important ne réside pas dans la prothèse mais dans la qualité et l’expérience de l’équipe pluridisciplinaire en charge du patient. Le principal mot d’ordre c’est donc d’être exigeant. Il faut opter pour un centre de référence en la matière avec de nombreuses poses de prothèses à son actif. Le risque, c’est qu’avec sa date de naissance on soit catalogué comme étant un vieillard et qu’on pense que peu importe la qualité du chirurgien et de la prothèse, cela suffira à une personne âgée. Non. Car une opération de la hanche réussie c’est l’assurance d’une qualité de vie pendant des décennies, d’une reprise sportive aussi. A l’inverse, une prothèse de hanche mal posée peut entrainer des douleurs, des boiteries, et une incapacité à faire du sport. Un seul conseil donc : à tout âge, mettez la barre très haut !
Usbek&Rika
Pour en savoir plus : http://www.chirurgiedelahanche.com/1.aspx