Majoritairement intéressés par les questions politiques, les seniors sont de plus en plus nombreux à vouloir jouer un rôle actif, tant sur le plan local que lors des grandes élections nationales. Zoom sur ces militants « nouvelle génération ».
C’est la première campagne à laquelle elle participe activement. À 66 ans Geneviève a décidé – un peu sur le tard – de s’encarter au Parti Socialiste : « J’ai pris ma retraite il y a deux ans et je me suis dit que c’était le moment ou jamais de m’engager pour mes idées. »
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Geneviève donne beaucoup de son temps pour cette élection présidentielle : quand elle ne tracte pas sur les marchés, elle colle des affiches ou fait du porte à porte.
À l’image de Geneviève, les seniors sont de plus en plus nombreux à s’impliquer dans la vie politique, tant au niveau national que local.
Du pain béni pour les partis qui tiennent là des militants souvent très impliqués, disciplinés, expérimentés et qui ont du temps à revendre, puisqu’ils sont libérés à la fois des contraintes du travail mais aussi d’une partie de leurs obligations familiales.
Un intérêt certain pour la protection sociale et la santé
D’après une étude réalisée par Bernard Denni, directeur adjoint du laboratoire Pacte et professeur de sciences politiques à l’IEP Grenoble, si les profils de ces seniors « militants » sont très variés sur le plan des idées ou des origines sociales, deux grandes tendances ressortent toutefois. Tout d’abord l’âge, puisque c’est entre 60 et 69 ans qu’ils sont les plus engagés, mais aussi les centres d’intérêts politiques : là où le reste de la population aurait tendance à privilégier l’emploi et l’éducation, les seniors accordent une grande importance à la protection sociale et aux réformes de santé. Et ce n’est pas vrai que pour la France. Aux Etats-Unis, Démocrates et Républicains ont accueilli un nombre sans précédent de militants seniors dans leurs rangs alors que le débat autour de l’Obama Care battait son plein.
Un gout peu prononcé pour la contestation
Toujours selon la même étude, si les seniors sont prêts à s’impliquer dans le débat politique et même à militer pour leurs partis, ils semblent goûter assez peu à la protestation – qu’il s’agisse de signer des pétitions ou de manifester.
L’un des pays où ce phénomène s’est illustré le plus clairement est sans doute la Grèce : alors que les retraités étaient touchés de plein fouet par la crise de la dette, voyant leurs pensions de retraites amputées et leur pays brutalement déclassé, ils ont été finalement peu nombreux à grossir les cortèges des manifestants.
Le poids « naturel » des seniors
Quoi qu’il en soit, et quel que soit leur degré d’implication, les seniors pèsent de plus en plus dans la vie politique – particulièrement en Europe – et ce pour deux raisons. Tout d’abord à cause du phénomène bien connu du vieillissement démographique. En Espagne par exemple, les plus de 65 ans représentaient un quart des électeurs aux dernières législatives et un tiers des votants à l’élection présidentielle française de 2012 avaient plus de 60 ans.
Deuxième raison : la sur-représentation des seniors dans les différents scrutins. Les chiffres des dernières élections présidentielles françaises de 2012 révèlent que 87 % des seniors ont voté contre 80 % pour la moyenne nationale. Un phénomène encore plus prononcé lors des élections municipales où 76 % des seniors ont voté contre seulement 61 % pour la moyenne des électeurs.
Pour le politologue Bernard Denni, si l’on ne peut pas encore parler d’une « domination » des seniors sur la vie politique, « il est devenu très difficile de remporter une élection présidentielle sans convaincre la majorité d’entre eux ».
Usbek & Rica