Pierre Ravot est un baby-boomer féru d’innovation. A 54 ans, il gère plusieurs portails d’information, véritables bouquets de contenus et de services. Il a d’abord créé en 1996 Australis, agence conseil en webmarketing, puis lancé le portail Capcampus.com pour les étudiants, avant de s’intéresser aux seniors et personnes âgées avec Capgeris.com, puis CapResidencesSeniors.com sur la question du logement. Lors de sa participation à notre « JAM »¹, il s’intéressera tout particulièrement à recevoir les idées des baby-boomers sur cette question-là, son objectif étant de toujours mieux connaître et segmenter ses cibles.
Génération Care : Qu’est-ce que vous attendez de la session d’innovation organisée par Génération Care ?
Pierre Ravot : Je suis ce secteur de manière très active, à la fois dans un souci de veille éditoriale afin de nourrir nos sites et pour me projeter dans l’avenir. Dans ce domaine qui bouge énormément, l’offre n’est pas du tout adaptée et la demande de plus en plus importante. Faut-il adapter les logements existants ou en construire de nouveaux, adaptés ? Au départ, on avait une stratégie « tout maison de retraite », maintenant c’est « tout maintien à domicile ».
Les 5 et 6 novembre seront l’occasion de pouvoir passer de la théorie à la pratique, en sondant, en faisant du benchmark, avec un effet de groupe et une intelligence collective pour entrevoir des alternatives à ce que nous connaissons déjà.
Avec les baby-boomers, j’espère que nous allons pouvoir être créatifs, tester des idées. Cela m’intéresse de voir comment cette génération qui n’a toujours pas encore tout à fait franchi le cap de la retraite mais a été confrontée à la dépendance à travers ses parents, voit l’avenir. Nos parents n’avaient rien anticipé. Notre génération – j’ai 54 ans – est déjà beaucoup plus consciente de ce qui l’attend. Ces journées permettront d’appréhender comment les gens voient le futur de leur retraite, de l’entrée en dépendance, de l’habitat. Ont-ils déjà envisagé de vendre leur maison pour accéder à quelque chose de plain-pied, de se rapprocher d’un certain nombre de commodités ? Est-ce qu’ils vont préparer des choses en prévision d’une éventuelle dépendance qui les atteindrait plus rapidement que prévu ? J’ai beaucoup de questions à poser pour entrevoir quelle trajectoire ils ont en tête.
G. C. : Que vous inspire le mot d’ordre de l’événement : « Dans un monde qui change, vieillir est un futur à inventer » ?
P. R. : Je suis passionné par l’innovation et les nouvelles technologies qui vont peut-être charpenter notre futur. Les années que nous vivons sont des années de renaissance, on est en rupture dans tous les domaines. La société est en train de muter, parfois dans la douleur. Ce foisonnement d’innovations et de disruptions ne nous permet pas pour l’instant de voir très loin. On peut anticiper, rêver, mais ça va tellement vite, qu’on ne sait pas quel scénario va s‘imposer, juste que tout change à vitesse grand V. Il est fondamental que les usagers participent à ce changement. On nous parle beaucoup de Silver-Economie. Des starts-up se sont précipitées et ont conçu des produits et des services qui n’arrivent pas à décoller. On est dans un paradoxe : d’un côté on voit qu’il y a une demande a priori énorme, mais de l’autre côté l’offre et la demande ne se rencontrent pas. Ces produits et services souffrent de l’impossibilité de rencontrer le client final. Avec cette confrontation de personnes directement concernées et impliquées dans ces domaines, on devrait pouvoir mieux sentir le marché.
Propos recueillis par Sandrine Goldschmidt
¹ Le JAM chez BNP Paribas Cardif est un événement inédit d’Open Innovation pour aider l’entreprise à imaginer et concevoir des concepts / offres : en temps contraint, 2 jours seulement, avec une méthodologie différente et différenciante : le « design thinking » et des équipes pluridisciplinaires pour croiser les regards et les savoirs-faire.