L’image de l’entrepreneur est souvent celle d’un jeune homme dans la vingtaine, féru de nouvelles technologies. Pourtant, les plus de 50 ans sont de plus en plus nombreux aux États-Unis à sauter le pas de l’entrepreneuriat.
Aux États-Unis, les personnes en âge de partir à la retraite continuent de travailler et cela a une influence positive sur l’économie. Si certains le font par contrainte financière, d’autres trouvent leur vocation tardivement et s’épanouissent dans un métier associé à tort à la jeunesse : l’entrepreneuriat. Contrairement aux idées reçues, il n’y a pas d’âge pour être startuper. D’après l’index Kauffman, les entrepreneurs les moins jeunes sont ainsi plus nombreux aujourd’hui qu’il y a vingt ans. En 1996, 14,8% des nouveaux propriétaires d’entreprises étaient âgés de 55 à 64 ans ; en 2015, cette part est passée à 24,3%. Le nouvel entrepreneur a désormais la quarantaine en moyenne. Près d’un tiers des fondateurs ou CEO de start-up ont même plus de 40 ans, si l’on en croit une récente étude de l’entreprise de capital-risque First Round.
Des qualités précieuses acquises avec l’âge
Ces entreprises fondées par des entrepreneurs plus âgés sont moins souvent axées sur la technologie et attirent donc moins souvent l’attention et les fonds. Elles ont pourtant plus de chances de réussir. Avec les années viennent l’expérience, des qualités de management, un réseau professionnel plus dense et des économies plus conséquentes. Les motivations peuvent être financières mais pas seulement : réaliser son rêve, rester actif, se sentir utile, avoir un nouveau but dans la vie ou plus d’interaction sociale sont des raisons régulièrement citées par les nouveaux entrepreneurs. Le fait d’être discriminé à l’emploi en raison de leur âge pousse également les plus de 50 ans à se mettre à leur compte.
De belles success stories
Les exemples de seniors qui se lancent dans l’entrepreneuriat se multiplient en Amérique. L’histoire de l’entreprise de vélos électriques Pedego en est une illustration. Tout commence quand Don DiCostanzo rencontre des difficultés à gravir à vélo la colline sur laquelle se situe sa maison. Le besoin d’une assistance électrique se fait sentir alors qu’il avance en âge. Mais les vélos électriques testés ne correspondent pas à ses besoins. Il décide alors de fonder son entreprise avec son meilleur ami Terry Sherry en 2008, alors qu’ils avaient tous les deux plus de 50 ans. Leurs produits sont aujourd’hui adaptés à ceux qui ont des problèmes de hanches, de genoux ou de chevilles. Et Pedego est ainsi devenue une entreprise créée par des baby-boomers, notamment pour des baby-boomers – la moyenne d’âge de leurs clients étant de 58 ans. Pour distribuer leurs produits, les cofondateurs ont mis en place un système de licences qu’ils allouent aux futurs propriétaires de boutiques Pedego. Ironie du sort – aujourd’hui la majorité d’entre eux sont en âge d’être retraités ou pré-retraités et les cofondateurs s’en réjouissent, les jugeant plus matures et plus rationnels.
Ce succès n’est pas une exception. Les médias américains regorgent d’histoires de quinquas nouvellement entrepreneurs accomplis. Comme celle d’Avery Chenoweth. A l’âge de 58 ans, il vient de fonder la start-up Here is my story avec un partenaire de 63 ans, après avoir été auteur de fictions. Sa technologie éducative met les étudiants en situation active d’apprentissage via des jeux de rôles par exemple.
Aujourd’hui, des programmes accompagnent et soutiennent désormais les baby-boomers qui changent de carrière sur le tard. En Israël, un accélérateur de start-up / programme d’investissement du nom de Future a été créé en collaboration avec Facebook ; il encourage les entrepreneurs de plus de 45 ans, qui ont plus de 20 ans de métier et une bonne idée, à développer leur concept.
Les femmes aussi !
Aux États-Unis, l’association de femmes Y.W.C.A. San Francisco and Marin propose quant à elle un programme destiné aux plus de 50 ans : des sessions de mentorat et de formation pour celles qui recherchent un emploi avec des options spéciales pour celles qui souhaitent entreprendre.
Les seniors entrepreneurs sont donc plus nombreux aujourd’hui mais existent depuis longtemps. Les fondateurs des chaînes de fast-food McDonald’s et KFC et celui de Coca-Cola ont tous en commun d’avoir lancé leur affaire à plus de 50 ans, avec le succès qu’on leur connaît. Une source d’inspiration supplémentaire pour les seniors d’aujourd’hui tentés par l’aventure entrepreneuriale.
Par Sophia Qadiri
L’Atelier BNP Paribas North America