L’économie à la demande ne s’adresse pas qu’aux jeunes accros à leur smartphone ; certaines entreprises ciblent directement une clientèle plus âgée. C’est le cas des start-up d’aide à domicile telles que Honor ou The Helper Bees.
Le marché de l’aide à domicile grandit à mesure que la population prend de l’âge. D’après un sondage réalisé par l’AARP – l’association américaine des personnes de plus de 50 ans – environ 90% des seniors préfèreraient vieillir chez eux plutôt que dans une maison de retraite. Et parmi eux, certains n’auront plus la chance d’être complètement autonomes et devront donc faire appel à une aide à domicile, un service souvent onéreux. En France, il existe plusieurs types de subventions pour couvrir ces frais. Aux États-Unis, c’est par l’économie à la demande que le bénéficiaire peut tenter de réduire la facture. Des start-up américaines l’ont bien compris et se sont implantées sur ce créneau.
Rendre abordable le bien vieillir à domicile
C’est le cas par exemple de The Helper Bees. Cette entreprise texane a vu le jour en novembre 2015 avec un but : faciliter et rendre abordable le fait de vieillir à domicile. Son secret ? Connecter les seniors avec la personne la plus à même de les aider à réaliser certaines tâches. Que ce soit pour faire des emplettes, lancer une machine à laver, veiller à l’entretien de la maison, ou simplement être une oreille attentive, l’aidant – selon The Helper Bees – doit bien s’entendre avec le senior. C’est la raison pour laquelle la start-up s’attache à faire correspondre les personnalités et centres d’intérêt des deux parties via son algorithme, exactement comme le font les sites de rencontre. Des packs sont également proposés pour des situations bien déterminées comme une visite chez le médecin qui nécessite un transport, un retour de l’hôpital, le suivi d’une personne atteinte d’Alzheimer ou une assistance en continu (24 heures sur 24 et 7 jours sur 7).
Une aide à la carte
Une start-up san-franciscaine concurrente, Honor, propose un projet similaire. Pas question de forcer un engagement sur le long-terme, l’un des avantages réside dans la possibilité de commander une aide de manière flexible, au choix : juste une fois pour quelques heures ou plus régulièrement. Là encore, le rôle de l’aidant à domicile – toujours sélectionné avec le plus grand soin – s’adapte aux besoins de la personne qui en bénéficie. Elle peut lui rappeler de prendre ses médicaments, de rester active en l’accompagnant pour une marche par exemple, la conduire au supermarché ou juste vérifier que tout va bien. Une application permet au senior ou à sa famille de garder contact avec l’aidant, et de suivre les heures d’arrivée et de départ ainsi que les tâches effectuées. Une manière simple également de programmer la prochaine visite. Les clients sont invités à donner leur avis sur la qualité du service autant qu’ils le souhaitent pour l’améliorer. C’est dans ce but qu’Honor a changé de modèle il y a un peu plus d’un an et décidé d’employer les aidants à domicile comme salariés, plutôt que de les considérer comme des indépendants – ce que fait Uber avec ses chauffeurs professionnels. Une stratégie qui aurait coûté sa place à HomeHero, une autre start-up du secteur qui a dû fermer ses portes il y a quelques semaines faute de pouvoir faire face à des frais devenus trop importants à cause de la législation californienne. Et ce, malgré 23 millions de dollars récoltés par une levée de fonds.
Ces jeunes pousses restent cependant prometteuses. Le marché des aides à domicile est conséquent aux États-Unis, où 34,2 millions de personnes ont fourni une forme d’aide ou de soins bénévolement à un adulte âgé de plus de 50 ans en 2015 selon le rapport de l’AARP. La valeur de ces services rendus en 2013 a même été évaluée à plus de 470 milliards de dollars. Des start-up comme The Helper Bees et Honor ambitionnent de grignoter une part du gâteau et de remplacer des structures plus classiques et plus onéreuses grâce à leurs services flexibles. Preuve qu’il n’y a pas besoin d’être un jeune accro à son smartphone pour profiter de l’économie à la demande !
Par Sophia Qadiri
L’Atelier BNP Paribas North America
83,7 millions, c’est le nombre de personnes de 65 ans et plus en 2050 aux Etat-Unis, soit quasiment deux fois plus qu’en 2012.Selon les prévisions, la population senior de 85 ans et plus augmentera plus vite que la population active en 2050. À moins de progrès inespérés dans la santé, cela signifie que le marché des aides à domicile augmentera proportionnellement.