Grâce à quelques lignes de code, l’entreprise française Facil’iti permet à un site internet de s’adapter aux besoins des seniors et des personnes atteintes de la maladie de Parkinson. Elle part aujourd’hui à l’assaut des États-Unis, en commençant par la Californie où les « social businesses » ont la cote ! Cet article vous est proposé par L’Atelier BNP Paribas North America.
Les seniors représentent près d’un quart des internautes à l’échelle mondiale. Aux États-Unis, en 2000, 14 % des 65 et plus surfaient sur le net, un chiffre qui a atteint 58 % en 2015. Pourtant force est de constater qu’aujourd’hui, les sites internet ne répondent pas toujours aux besoins de cette tranche d’âge. Peu de start-ups américaines offrent de solution en conséquence. Une belle opportunité pour l’entreprise française FACIL’iti, spécialisée sur le sujet, d’aller à la conquête du marché américain.
L’accessibilité est encore moindre pour les personnes atteintes de pathologies liées au vieillissement. Ainsi la quasi totalité des sites internet ne propose pas de version adaptée aux utilisateurs touchés par des handicaps visuels ou moteurs. On estime pourtant aujourd’hui entre 7 et 10 millions le nombre de personnes dans le monde souffrant de la maladie de Parkinson, un chiffre amené à croître. Dans un autre registre, passé 75 ans, la cataracte concernerait une personne sur trois. Or, la vue d’une personne atteinte de cataracte baisse nécessairement, de même que sa perception des couleurs varie. Et si tous les sites internet disposaient d’une version de leur interface personnalisable selon son handicap ?
Le logo de FACIL’iti tel qu’il apparaît en bas de la page du site internet de Mediacause.org
Adapter les sites internet… en quelques lignes de code
FACIL’iti, une entreprise originaire de Limoges, nous fournit un bel exemple d’internationalisation dans le domaine. En plein dans la tendance des « social businesses », elle débarque en Californie, telle une start-up avec la ferme intention d’aider les entreprises à rendre leur site internet adaptable selon le profil de l’utilisateur. Nul besoin de rebâtir entièrement le site, il suffit simplement d’ajouter quelques lignes au code de base, fournies par les ingénieurs de FACIL’iti.
Pour l’heure, l’entreprise prend en charge onze types de pathologies et handicaps, de la déficience visuelle à la maladie de Parkinson, en passant par la dyslexie et le daltonisme.
Une fois le logo de FACIL’iti identifié, situé généralement en bas de la page d’accueil, l’utilisateur est redirigé en un clic vers une nouvel onglet lui permettant de créer son profil, qu’il peut choisir d’établir rapidement en sélectionnant la taille de la police qui lui convient ainsi que le type de handicap qui est le sien. Il a également la possibilité de compléter un questionnaire plus fourni s’il le souhaite, créant alors un profil personnalisé.
Dans le cas d’une personne atteinte de cataracte, FACIL’iti ajuste automatiquement les contrastes et le degré de luminosité d’une page internet. Une page aux tons clairs, tant redoutée par les personnes souffrant de cataracte, deviendra plus foncée et les contrastes des photos présentes sur le site seront davantage marqués.
Pour faciliter l’accès des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, la zone de clic souvent limitée au mot lui-même est étendue à un cadre plus large englobant le mot ou la proposition. Celui-ci apparaît distinctement en couleur sur la page lorsqu’on survole le cadre avec la souris. De plus, en réponse aux tremblements qui rendent la navigation souvent difficile, le menu central déroulant d’une page web peut être par exemple déplacé sous la forme d’un seul bloc, en colonne sur le côté gauche de la page, et dès lors permettre à l’utilisateur d’accéder aux différentes options du site beaucoup plus aisément.
Bientôt disponible pour les applications mobiles ?
Lorsqu’un profil est enregistré, quand l’internaute atterrit sur un site internet partenaire de FACIL’iti, la page est automatiquement adaptée à son profil. Ainsi, pour l’utilisateur, aucune extension n’est à télécharger, seul le profil à construire préalablement.
Quant aux entreprises souhaitant mettre à disposition le service de FACIL’iti sur leur site web, ces dernières doivent souscrire à un abonnement mensuel dont le montant varie en fonction du nombre de visiteurs uniques du site. Jusqu’à 50 000 utilisateurs par mois, le prix de l’abonnement avoisine les 350 euros.
Lancée officiellement en septembre dernier, la solution est aujourd’hui disponible pour la navigation web, qu’elle se fasse depuis un ordinateur, une tablette ou un smartphone. S’il serait intéressant de la voir disponible pour les applications mobiles également, on ne peut que saluer une initiative visant à promouvoir l’accessibilité du web pour les personnes atteintes de handicaps.
Si la solution apportée par FACIL’iti, à moindre frais et peu impliquante pour les éditeurs de sites internet, est à saluer dans la réponse apportée aux problèmes des personnes atteintes de handicaps moteurs, elle rappelle le problème profond du design. En particulier, un bon design se doit d’être universel. À l’heure où la plupart des sites internet se sont adaptés à l’interface mobile, ne devrait-on pas rappeler l’importance de s’adapter à toutes les formes de handicaps ? FACIL’iti fait en tout cas ses premiers pas en Silicon Valley, là où les entreprises élèvent l’expérience utilisateur, a fortiori le design, au rang de priorité absolue. De quoi inspirer ce jeune projet !
Pauline Canteneur,
Analyste à L’Atelier BNP Paribas à San Francisco / @atelier_us