D’après des organismes de la santé publique, plus de 2 millions de chutes concernent les seniors de plus de 65 ans en France chaque année. Or, celles-ci peuvent avoir des conséquences graves et entraîner une perte d’autonomie conséquente à l’origine de la fragilisation du senior. Exemple à l’appui : plus de 40% des personnes hospitalisées après une chute ne peuvent plus rester seules à domicile. La chute, « un événement à l’issue duquel une personne se retrouve, par inadvertance, sur le sol ou toute autre surface située à un niveau inférieur à celui où elle se trouvait précédemment » (OMS), peut aussi être à l’origine d’un cercle vicieux : les récidives suite à une chute sont très fréquentes. Pour le personnel soignant des hébergements accueillant des personnes âgées, évaluer les risques de chute des sujets âgés et traiter ces facteurs de risques est primordial. Entre « test de Tinetti » ou « Test Up and Go », voici quelques éléments pour y voir plus clair. [1]
Comment classifier les différents types de chutes ?
Il existe de nombreux types de chutes, dont la gravité et les conséquences peuvent varier. En prendre conscience peut permettre d’adapter les bons gestes de premiers secours [1].
Généralement, on distingue 3 catégories de chutes :
- La chute lourde : celle-ci est engendrée par une perte d’équilibre entraînant un choc rapide contre le sol.
- La chute molle : suite à une perte d’équilibre, le senior tente de se rattraper à un objet ou à un mur avant de tomber, ce qui permet d’atténuer le choc au sol.
- La chute syncopale : celle-ci survient à cause d’une perte de connaissance du senior.
Comment évaluer le risque des chutes ?
Lorsque la chute concerne une personne âgée, il s’agit de la considérer sérieusement. Passé 65 ans, il est conseillé au senior d’aller voir un médecin pour en comprendre les causes : est-ce une chute molle, lourde, syncopale ? Une chose est sûre : plus le senior a des antécédents de chute, plus le risque d’une nouvelle chute pour sa santé est important. C’est pourquoi deux tests ont été créés pour évaluer le risque de chute. [2]
Le test de Tinetti évalue l’équilibre grâce à 9 items et la marche grâce 7 items. Que ce soit en position assise, debout, les yeux fermés ou lors d’un déplacement, l’équilibre est évalué sur 16 points. Puis, l’analyse de la marche permet d’obtenir un score sur 12. Finalement, si le score est inférieur à 20 sur les 28, le risque de chute est élevé. Voici les deux tableaux d’évaluation pour ce test Tinetti :
Alors que le « test de Tinetti » évalue avec précision les anomalies de l’équilibre et de la marche, il est un peu long à réaliser et demande une bonne participation du sujet. C’est pourquoi, un autre test rapide et simple est fréquemment pratiqué pour évaluer le risque de chute : le « Get Up and Go Test». Ce test également appelé « test du lever de chaise » évalue les transferts assis, debout, la marche et les changements de directions du patient. Le test se déroule ainsi : le sujet assis confortablement sur un siège d’une hauteur de 46 cm avec accoudoirs, le dos collé au dossier et les mains sur les accoudoirs. La chaise est placée à trois mètres d’un mur. Le sujet est invité à :
-
- se lever,
- rester debout quelques instants,
- marcher jusqu’au mur,
- faire demi-tour sans toucher le mur,
- revenir jusqu’à son siège et en faire le tour,
- s’asseoir de nouveau.
Les résultats sont exprimés en fonction d’une échelle cotée de 1 à 5.
-
- 1 aucune instabilité
- 2 très légèrement anormal (lenteur exécution)
- 3 moyennement anormal (hésitation, mouvement compensateur des membres supérieurs et du tronc)
- 4 anormal (le patient trébuche)
- 5 très anormal (risque permanent de chute).
Un score supérieur ou égal à 3 à chaque étape traduit un risque important de chute et doit alerter la vigilance des soignants.
Il existe de nombreuses variantes de ce test, dont la plus connue est le réalisé de manière chronométrée. Il s’agit alors du TUG (Timed Up and Go). Si la réalisation de ce test demande plus de 20 secondes, on estime que le sujet est à risque de chute.
Comment traiter les seniors après une chute ?
Suite à une chute, les risques sont multiples. C’est pourquoi la prise en charge des seniors doit être rapide et efficace. Juste après la chute, il s’agit de traiter les conséquences immédiates traumatiques dans un premier temps. Puis, plusieurs traitements sont à effectuer en parallèle [3] :
- Un traitement fonctionnel de réadaptation : il est nécessaire que l’équipe médicale et paramédicale ait une bonne connaissance de ce type de rééducation. L’objectif est de replacer le senior fragilisé à la verticale. Dans un climat de confiance et de bienveillance, cette réadaptation quotidienne est à l’origine de progrès quotidiens. Le début de la marche peut avoir lieu uniquement après 8 ou 10 jours. Il est également central que la douleur articulaire et la désadaptation à l’effort ne constituent pas d’obstacles dans l’élaboration du programme de rééducation. Enfin, il s’agit de bien indiquer au patient comment se relever du sol pour limiter les risques d’une récidive (basculer sur le côté et non essayer de s’assoir lorsque que l’on est à terre par exemple).
- Une psychothérapie de soutien : pour un senior, la chute, et donc la position allongée au sol, est une source de stress. Pour le soulager, il est important que les soignants fassent verbaliser cette aventure au senior à voix haute plusieurs fois. Cela permet d’inscrire le traumatisme dans l’histoire psychique du patient.
- Une évaluation médico-sociale : quelle que soit la démarche d’évaluation, il est prouvé que son efficacité dépend de la communication entre les évaluateurs et les réseaux de soutien sanitaire et sociaux de proximité. Par exemple, s’il est prévu qu’un senior reste à domicile, l’adaptation de son logement peut être réalisé avec l’aide d’un ergothérapeute.
Le traitement de la chute se fait donc sur plusieurs dimensions : médico-chirurgicale, fonctionnelle et psychologique.
Le schéma ci-dessous synthétise les étapes de la prise en charge d’un senior qui a chuté :
Les chutes des seniors correspondent à la seconde cause de décès par traumatisme involontaire au niveau mondial. Un bon traitement permet de diminuer le risque de récidives, et donc de limiter la fragilité du senior. Et, cela passe aussi par la prévention. C’est pourquoi nous avons développé une solution, Dona Care, qui a pour objectif de détecter les chutes des seniors et de simplifier leur prise en charge.
Si la prévention des chutes vous intéresse, n’hésitez pas à prolonger votre lecture en cliquant sur cette infographie (ici) ou cet article (ici).
Victoire de Lambilly
Sources :
[2] http://www.saging.com/mise_au_point/les-chutes-causes-consequenceset-prevention
[3] http://campus.cerimes.fr/geriatrie/enseignement/geriatrie3/site/html/cours.pdf
[4] https://ciusssmcq.ca/telechargement/194/aide-memoire-sur-les-types-de-chutes-a-declarer-2014/