Kévin Phalippon, docteur en pharmacie, préside le cabinet VAA conseil, spécialisé dans les domaines du vieillissement, de la santé et de l’habitat. Il s’intéresse en particulier aux façons de rendre, à l’avenir, les territoires de santé mieux adaptés aux besoins des populations âgées.
Génération Care : En quoi les territoires de santé sont-ils un gage d’une bonne adaptation au vieillissement ?
Kévin Phalippon : La santé est la préoccupation n°1 de la population, et des seniors en particulier.
Aujourd’hui, si l’on veut préserver la qualité de vie dans des territoires vieillissants, si l’on souhaite favoriser le maintien à domicile, il faut obligatoirement un accès facile à la santé.
Ne pas disposer, sur un territoire, « d’équipes de soins primaires », c’est-à-dire de médecins généralistes, infirmières, pharmaciens, kinésithérapeutes et dentistes, constitue un obstacle dans le parcours de vie des seniors.
G. C. : Quels sont les axes d’innovation dans le domaine ?
K. P. : A l’heure actuelle, la dynamique est plutôt celle de la désertification médicale. Il y a de moins en moins de médecins dans certains territoires, une pharmacie ferme tous les deux jours en France, malgré les nombreuses mesures d’incitations prises en faveur des médecins. Pour ma part, je ne crois pas que les incitations soient efficaces.
Autre mesure mise en place, le développement des maisons de santé pluridisciplinaires, qui regroupent dans un même lieu plusieurs disciplines médicales : infirmières, pharmacie… Elles proposent une offre de soins riche, et le fait de pouvoir travailler ensemble s’avère très attractif pour les professionnels. En revanche, cela peut concentrer l’offre de soins et paradoxalement créer de nouveaux déserts médicaux. Aussi, un modèle unique n’est pas toujours applicable ni efficient pour tous les territoires.
G. C. : Comment imaginez-vous ces futurs territoires ?
K. P. : Je pense qu’il ne faut pas proposer de solution unique mais aborder la question de plusieurs façons à la fois. Par exemple, pour que les maisons de santé fonctionnent sans renforcer les déserts médicaux, il faudrait pouvoir envisager que des praticiens s’installant en maisons de santé puissent consulter quelques heures par semaine dans des territoires défavorisés. Autre axe : il est nécessaire que les autres professionnels de santé puissent avoir de nouvelles missions de santé publique, qui déchargent les médecins de certaines tâches via les infirmières ou les pharmaciens. C’est une dynamique qui a du sens ; elle est d’ailleurs déjà en marche et fonctionne à l’étranger. Enfin, il me semble que l’idéal, pour rendre à l’avenir les territoires mieux adaptés au vieillissement, c’est de tendre vers la logique des « zones favorables au vieillissement ». Des territoires offrant du service, des transports et des soins, au sein desquels les structures adaptées doivent être présentes.
Propos recueillis par Sandrine Goldschmidt
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