En matière de transmission du patrimoine, le volet numérique n’occupe pas souvent le devant de la scène. Pourtant, à l’heure de l’ultra connexion, il devient essentiel de considérer le sujet avec attention.
Le « tout digital » nous a conduits à inscrire notre existence dans le marbre du web. On ne compte plus aujourd’hui le nombre de mots de passe dont on dispose. De l’accès à ses boîtes mail, aux réseaux sociaux, à sa banque en ligne, nous en avons un usage quotidien. Cependant, lorsque cette même existence vient à s’achever, que deviennent alors les gardiens de notre identité ? Qu’advient-il de nos données ? Concept relativement nouveau, la transmission du patrimoine numérique constitue ainsi un sujet clé.
Les GAFAs ont tout prévu
En 2015, Facebook créa le « legacy contract » ou « contrat d’héritage » qui permet de nommer un individu gestionnaire de son compte Facebook après sa mort. Dans le cadre du contrat, celui-ci pourra poster des messages ou encore accepter des demandes d’amis. Il ne pourra cependant pas lire les conversations privées de l’utilisateur. De surcroît, il est également possible de demander à Facebook de supprimer le compte dès que le réseau social sera notifié de la mort de l’utilisateur. Il a besoin pour cela de recevoir une copie du certificat de décès de la personne.
Quant à Google, il demande à l’utilisateur de choisir une durée maximale correspondant à l’inactivité de son compte, temps au-delà duquel la firme de Mountain View jugera que l’utilisateur est décédé puisqu’il ne se sera pas connecté. De plus, chacun peut nommer jusqu’à dix administrateurs de son compte à compter de son décès et enregistrer un message, sorte de testament composé de recommandations pour la gestion de ses données Google. Les « héritiers » du compte disposent, à l’inverse de Facebook, d’un accès complet aux emails, photos et autres contenus média de l’utilisateur décédé.
La start-up Everplans s’attaque au sujet
Il existe également des plateformes en ligne de gestion de patrimoine numérique. La new-yorkaise Everplans, ayant réalisé une récente levée de fonds de 6 millions de dollars, en est l’illustration. Elle se veut un espace en ligne où chacun peut centraliser ses données personnelles sensibles : ses mots de passe, photos de famille, documents importants mais aussi ses volontés quant à la gestion de son patrimoine numérique. Afin de faciliter l’enregistrement des documents, l’utilisateur est guidé par un questionnaire et du contenu informatif. Il choisit également au préalable d’accorder l’accès à ses informations à différents utilisateurs.
Afin de garantir la sécurité des informations confiées par les utilisateurs, la start-up chiffre l’ensemble des données renseignées sur la plateforme tout comme les conversations que l’utilisateur a pu avoir avec des membres de l’équipe d’Everplans. Elle collabore également avec une entreprise tiers qui traque 24/7 et détecte en temps réel les potentielles activités suspicieuses sur la plateforme.
Malgré le caractère hautement important de la transmission du patrimoine, il n’en reste pas moins un sujet délicat à aborder pour les entreprises. Comment convaincre les utilisateurs de prendre le temps de s’occuper de la transmission de leurs données virtuelles ? Comme souvent, le design de l’interface joue probablement ici un rôle clé.
Notre patrimoine numérique grandit :
Un individu disposerait d’une vingtaine de mots de passe. Par ailleurs, d’après Cisco, le trafic internet mensuel par tête représentera 25 GB d’ici 2020, soit une croissance de 22% par rapport à 2015. Les traces de notre activité en ligne, et donc de données accumulées nous concernant, n’ont jamais atteint de tels niveaux. Et ce n’est qu’un début…