Mélissa Petit est sociologue, spécialisée sur les thèmes du vieillissement de la population et de la retraite. Collaboratrice de Génération Care, elle a participé en observatrice à notre JAM, juste après avoir fini la rédaction de son ouvrage : « Les retraités : cette richesse pour la France ». Elle appelle à poursuivre la co-construction avec les baby-boomers pour inventer la retraite de demain, et son nom – qui ne correspond plus à la réalité d’aujourd’hui.
Génération Care : En quoi les retraités sont-ils une richesse pour la France ?
Mélissa Petit : Les nouveaux retraités impulsent des nouveaux modes de vie et nous amènent à repenser la société, à repenser le travail. On en a vu l’exemple dans le JAM pendant lequel ils ont insisté sur la nécessité d’inventer un parcours plus fluide entre travail et retraite.
Ensuite, ils ont des compétences et des expériences à nous apporter – dans la transmission mais aussi par leur engagement et participation à la société à tous les niveaux, pas seulement dans le bénévolat : travail à la retraite, actes de citoyenneté, actions formelles et informelles.
Enfin, ils montrent clairement qu’ils veulent recréer des liens, et répondent en cela à un besoin de notre société aujourd’hui.
G. C. : Vous avez participé au JAM après avoir fini la rédaction de votre livre. Est-ce que l’événement a confirmé ce que vous aviez constaté dans vos recherches ?
M. P. : J’ai trouvé que cela confortait plutôt ce que j’avais écrit. Les baby-boomers du JAM ont fortement manifesté leur envie de pluralité de modes de vie, et leur envie de choisir. C’est un point très important pour eux : le choix. Et ce parcours à la carte, l’envie d’une retraite à la carte. Ils aspirent à une pluralité de possibilités pour ensuite choisir ce qui leur convient le mieux.
Mais ils ont aussi un besoin d’accompagnement. Pour ces générations-là, qui ont travaillé 40 ans, sans forcément être maîtres de leur emploi du temps, ils se retrouvent à devoir choisir du jour au lendemain. Tout le monde n’a pas forcément les capacités ou l’envie de choisir seul, d’où l’idée d’un coach retraite, ou un coach de vie pendant ce passage, comme cela existe pour l’insertion professionnelle des jeunes.
G. C. : Vous concluez sur la nécessité de changer le mot retraite. Comment redéfinir cette période de la vie ?
M. P. : Je pense qu’il faudrait que ce soit les retraités eux-mêmes qui trouvent un nouveau terme.
Ils peuvent réinventer le contenu de cette période et la façon de le nommer. La retraite correspondrait plutôt aujourd’hui à l’après 80 ans. Avant, ce n’est plus la retraite, c’est autre chose. On le voit bien dans le JAM, et je l’avais vu dans mes entretiens avec les retraités que j’ai interrogés, ils ne veulent pas être identifiés comme retraités – ce n’est pas ce qu’ils vivent. Comme ils vivent une période dynamique mais qui porte beaucoup de stéréotypes sur la vieillesse notamment, il me semble que c’est à eux de s’emparer de la question, et de réinventer le mot, dans la co-construction.
Mélissa Petit
« Les retraités, cette richesse pour la France »
Editions Harmattan