Nous vivons dans un monde où les frontières de l’humain se brouillent : l’âge n’est plus socialement déterminant ; la vie professionnelle et la vie personnelle s’imbriquent ; le privé se joue sur la scène publique… Et si tout cela n’était qu’un début ? Et si l’humain, de plus en plus connecté à ses objets, fusionnait maintenant avec eux ? La perspective fait souvent peur lorsqu’on évoque l’augmentation de l’homme, pour plus de performances intellectuelles et physiques. Elle est beaucoup plus acceptée lorsqu’il s’agit de réparer les corps, handicapés ou affaiblis, par l’âge notamment. Pourtant l’homme augmenté n’est-il pas déjà en marche sous les traits de l’homme réparé ? [Trois innovations qui pourraient métamorphoser la vieillesse]
L’exosquelette Atalante : un jeu de jambes robotisées
Intuitive, cette prothèse d’homme augmenté porte le nom d’une femme, Atalante, héroïne grecque aux performances physiques exceptionnelles. Son but ? Permettre aux personnes atteintes de myopathies ou de paraplégies basses de se lever, de choisir leur direction et marcher (jusqu’à 3,5 km/h), de monter un escalier, de tenir debout, tout simplement et sans aide supplémentaire, de s’asseoir, chez soi ou à l’extérieur.
La start-up Wandercraft qui développe cet exosquelette a été fondée par trois jeunes polytechniciens, passionnés de robotique et de mécanique. Encore à l’état de prototype, ses essais cliniques démarreront mi-2016 pour une commercialisation prévue en 2017.
Œil bionique : première greffe réussie
Voir à nouveau. C’est la chance qui a été donnée en juin 2015 à Ray Flynn, un britannique de 80 ans atteint d’une DMLA avancée (Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age).
Greffé à Manchester, Ray Flynn est le tout premier humain à avoir bénéficié de l’implant Argus II, développé par la firme américaine Second Sight. Si le patient ne voit pas aussi bien que l’Argus de la mythologie grecque qui, de ses 100 yeux, voyait tout, il apprend progressivement à interpréter les informations visuelles qui lui sont artificiellement envoyées depuis une caméra miniature fixée sur une paire de lunettes. Pendant ce temps, des Canadiens auraient mis au point des lentilles bioniques qui tripleraient, pour tous, la qualité de la vision. Adieu chirurgie de la cataracte
Cœur Carmat : un cœur artificiel permanent
La greffe d’un cœur bio artificiel sera-t-il un jour aussi banal que l’implantation d’une prothèse de hanche ? C’est en tout cas le rêve du Professeur Carpentier, qui élabore le cœur Carmat depuis 30 ans.
Destiné aux malades d’insuffisances cardiaques non éligibles à une transplantation, le cœur Carmat offre une solution thérapeutique fiable et permet de reprendre une vie normale, sur 5 à 10 ans idéalement. Encore au stade des essais cliniques, le cœur Carmat a déjà été implanté quatre fois et le sera encore sur une vingtaine de patients avant d’obtenir une homologation et commercialisation dans l’Union européenne. Si les cœurs artificiels des quatre premiers implantés ne battent plus, le système Carmat cumule déjà une expérience clinique de 21 mois de fonctionnement. De quoi couper le souffle, non ?