Lorsqu’un proche prend de l’âge, l’inquiétude grandit de le voir de plus en plus fragile. Problèmes de santé chroniques, difficultés de plus en plus flagrantes à vivre seul chez soi : on a vite fait de repérer certains signes de faiblesse. Lesquels incitent instinctivement à mettre en place une palette de soins primaires et à instaurer des mesures de prévention pour éviter la perte d’autonomie et la dépendance.
Seulement, tous les signes évocateurs d’une vulnérabilité grandissante ne sautent pas forcément aux yeux. C’est pourquoi nous vous proposons de passer à la loupe la notion de fragilité des sujets âgés.
Les fragilités physiques et physiologiques
La perte d’un être cher (veuvage, décès d’un ami proche), la sortie d’un séjour à l’hôpital suite à une intervention médicale, une chute, l’apparition ou l’aggravation d’une maladie chronique…
Au sens gériatrique, le concept de fragilité exprime d’abord un risque : celui de voir une personne vieillissante faire difficilement face à une situation stressante survenant dans sa vie, et d’en pâtir physiquement jusqu’à glisser petit à petit dans la dépendance.
Un état qui, selon l’Organisation Mondiale de la Santé et la Société Française de Gériatrie et Gérontologie, préfigure l’entrée dans la dépendance, et peut médicalement se mesurer à travers une évaluation standardisée en 5 points : la personne âgée perd du poids involontairement, son tonus musculaire baisse, sa vitesse de marche s’altère, ses activités physiques se réduisent, ses sorties diminuent drastiquement.
Dès lors qu’un de ces symptômes est reconnu, il est préférable de consulter rapidement et de mettre en œuvre un accompagnement adapté : plus la prise en charge sera précoce, plus une personne âgée aura de chances de regagner l’autonomie qu’elle commençait à perdre.
Pour ce faire, des solutions variées existent allant de la livraison de repas à domicile, l’inscription à des activités sociales proposées par la mairie ou bien encore l’incitation à maintenir une activité physique. Par exemple l’utilisation d’un podomètre. permet de visualiser son activité physique réelle, de se fixer des objectifs de marche adaptés à sa condition physique, et ainsi de progresser à son rythme.
La fragilité économique et financière : un facteur de risque supplémentaire ?
Si le corps médical limite l’évaluation des fragilités aux seuls signes physiques et physiologiques, d’autres voix plaident pour y inclure des facteurs économiques et ainsi prendre en considération la précarité de certains ménages dans les mécanismes de prévention.
Un appel motivé par la prévalence de la fragilité, plus élevée chez les seniors défavorisés que pour les autres catégories sociales, que certaines pratiques quotidiennes contribuent à accentuer.
En effet, les personnes âgées les plus précaires, par manque de moyens budgétaires, sont nombreuses à économiser sur leurs frais de santé, sur les dépenses liées à leur alimentation, au chauffage, à la salubrité et à la fonctionnalité de leur logement… Ou encore, à renoncer à se faire accompagner par des professionnels du service à domicile, en dépit des aides financières institutionnelles auxquelles elles peuvent prétendre.
Le recours à l’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA), par exemple, ne s’avère pas systématique chez les seniors aux revenus les plus modestes, notamment parce qu’elle ne permet pas toujours de régler l’intégralité des frais engagés pour recevoir de l’aide à domicile, et que les allocataires ont des ressources pécuniaires trop limitées pour payer le montant restant.
Il est donc important de discuter ouvertement avec son médecin de sa situation matérielle, surtout si cette dernière entrave particulièrement son bien-être et ses perspectives d’indépendance. Il saura vous donner de précieux conseils sur les aides financières disponibles et les actions de prévention à mettre en place.
Pour en savoir plus :
Quand l’isolement renforce la fragilité des seniors
Enfin, il nous faut évoquer la fragilité sociale. Symbolisée par un isolement croissant, l’absence de relations humaines est un facteur non négligeable d’affaiblissement de la personne âgée.
D’une part parce qu’une personne âgée isolée à domicile, sans aidant naturel et/ou sans relations extérieures, prend des risques pour sa santé. Une chute, une maladie, des difficultés à évoluer dans un habitat devenu inadapté (présence d’escaliers par exemple)… : lorsqu’ils sont vécus seuls, ces aléas de la vie peuvent avoir des conséquences dramatiques sur l’autonomie d’une personne vieillissante.
D’autre part parce qu’une coupure, brutale ou progressive, avec l’environnement en dehors du foyer, sclérose l’esprit et la vitalité des seniors. Et va bien souvent de pair avec une perte relative d’autonomie.
Aussi veiller sur une personne âgée, c’est également l’encourager à maintenir des liens amicaux et sociaux, d’autant que des solutions permettant de remettre un pied dans la vie sociale existent.
A l’image du dispositif AGIRC ARRCO « Sortir plus », qui permet à un retraité de plus de 80 ans, qui ne conduit plus et/ou que les transports en commun rebutent, de bénéficier un service d’accompagnement, à pied ou en voiture, pour des sorties diverses.
La notion de fragilité est donc plurielle. Aussi, pour prendre soin de l’autonomie de ses parents, détecter les premiers signes physiques de faiblesse est déterminant, mais repérer une certaine tendance à l’isolement, ou la dégradation d’une situation financière est tout aussi important.
Florence Hamon