Définie par un décret du 19 octobre 2010 comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de communication », la télémédecine ne cesse de prendre de l’ampleur. Le gouvernement d’Edouard Philippe a fait de la téléconsultation un enjeu majeur en matière de santé. À partir du 15 septembre, elle sera remboursée par la Sécurité sociale. Un premier pas dans la démocratisation de cette médecine digitale.
Un médecin qui vous ausculte à distance et vous donne son compte-rendu par écrans interposés, alors que vous êtes confortablement assis dans votre canapé. Vous n’avez peut-être jamais eu recours à cette téléconsultation. Pourtant, en septembre prochain, elle entrera dans le droit commun et sera remboursée par la Sécurité sociale. Menées au début d’année, les négociations entre les cinq syndicats représentatifs des médecins libéraux et l’Union nationale des caisses d’assurance-maladie (Uncam) ont permis de s’accorder sur le tarif de la téléconsultation : 25 euros chez le généraliste et 30 euros pour un spécialiste du secteur 1.
Si la téléconsultation ne se substitue pas aux pratiques médicales actuelles, le gouvernement prévoit une augmentation du nombre d’actes réalisés : 500 000 pour 2019 et de 1,4 million d’actes d’ici 2021. Pour rassurer les personnes réfractaires à cette pratique digitale, la téléconsultation mise sur la transparence et de la sécurité, notamment sur le respect de la liberté de choix du patient et la confidentialité des données.
La téléconsultation fer de lance de la télémédecine
La téléconsultation s’inscrit dans le cadre plus global de la télémédecine. En plus de la téléconsultation, la télémédecine s’articule autour de quatre autres axes : la télésurveillance médicale, qui permet à un professionnel de santé d’interpréter à distance des données relatives à un patient, la téléassistance médicale, grâce à laquelle un professionnel médical peut assister à distance un autre professionnel, la régulation médicale apportée par le Samu et, la téléexpertise. Au micro de BFM TV, la ministre de la Santé Agnès Buzyn expliquait récemment que “la téléexpertise, c’est-à-dire l’expertise entre deux médecins par exemple un généraliste et un dermatologue – sera remboursée, elle, à partir de février 2019.”
Sur son site officiel, le ministère des Solidarités et de la Santé énumère les objectifs de la télémédecine : améliorer l’accès aux soins, la qualité de prise en charge, la qualité de vie et diminuer les évènements graves. “Il existe cinq grands champs d’opportunité liés à la télémédecine à savoir le suivi des maladies chroniques, le maintien à domicile des personnes âgées, la lutte contre les déserts médicaux, la prévention et les transferts d’expertise entre professionnels de santé”, expliquait Emmanuel Sève, auteur du livre La e-santé, une manne potentielle considérable, à la Gazette santé social.
Pour le professeur Thierry Moulin, président de la Société française de télémédecine, “toutes les bases sont posées pour que la télémédecine connaisse un essor important. Les liens entre ville et hôpital existent déjà, avec des réseaux de soins bien implantés. Il n’y a pas de difficulté juridique particulière puisque la télémédecine bénéficie d’une excellente traçabilité.” Le professeur expliquait au Figaro une nouvelle orientation que pourrait prendre la télémédecine dans les prochaines années. “Des paramédicaux pourraient recevoir une formation spécifique pour participer à l’examen d’un malade à condition que l’on élargisse leur champ de compétences, à l’image de ce qui s’est passé pour les orthoptistes, autorisés depuis 2016 à dégrossir le travail des ophtalmologistes.”
Le remboursement de la téléconsultation n’est qu’une première étape de la télémédecine. À nous d’imaginer les prochaines.
Usbek&Rica