Marie-Catherine a été grand-mère pour la première fois à 54 ans. Aujourd’hui, elle a 68 ans et 6 petits-enfants. Elle nous livre sa vision du rôle de « mamie ».
Le bonheur d’être grand-mère est inimaginable ! Libérée de l’usure du quotidien, j’aime particulièrement les garder quand les parents ne sont pas là ! Pas besoin de leur dire prudemment : si vos parents sont d’accord, je veux bien ! C’est moi le chef et nous laissons libre cours à nos envies du moment, même si ce n’est pas l’heure adéquate ! Vive les pizzas ou les frites dans un petit bistro, vive le cinéma avec une grosse crêpe au Nutella juste avant le diner !
Je « n’éduque » pas, je fignole.
-Dis bonjour Madame
-Merci Monsieur, etc…
Je laisse le reste aux parents. Mon rôle est une suite logique de la morale et l’honnêteté apprise dans le giron familial !
La confiance règne et j’espère être le refuge, le havre de paix dont tout jeune a besoin quand il prend son envol, quand il doit se séparer de ses parents… je ne suis pas grand-mère comme j’ai été mère.
Avec mes enfants, j’avais peur, peur de mal faire, peur des mauvais résultats… Peur qu’ils ne soient pas dans les normes voulues ! Je voulais les modeler dans un moule précis ! Avec les petits-enfants, je n’ai plus peur, j’ai une longueur d’avance, je sais, je sens ce qu’ils sont, je sais ce dont ils ont besoin et je peux faire « tampon » en cas d’urgence, apaiser les tensions, sans dénaturer bien sûr, le rôle des parents ! Même s’ils ont tort, ils ont toujours raison !
Le bonheur d’être grand-mère c’est recevoir leurs confidences, les conseiller. La confiance est là entre nous, ils savent que je leur veux du bien sans projeter sur eux des illusions. Je pense que c’est là que se situe la différence entre le fait d’être mère et grand-mère. Déjà, s’infiltre dans mes propos la possibilité pour eux d’être « bien dans leur peau », ne pas avoir peur de l’avenir, connaître leurs qualités, les fructifier ! C’est plus facile et efficace que de combattre leurs défauts, comme on leur apprend à l’école. Et j’offre toujours une épaule aimante… Qui a le temps ! Je crois que c’est la grande différence ! Et puis nous ne voulons pas de petits-enfants parfaits comme le souhaitent tous les parents, coulés dans un moule qui correspond aux écoles, aux profs ! Pour nous, la vie est passée par là et avons, plus que les parents, le sens des réalités, surtout celui des priorités… Telle chose est importante… Une autre l’est moins et ne mérite pas d’engendrer la peur, telle autre a le temps de s’installer plus tard…
Mes petits-enfants ? Je crois qu’ils me trouvent très vieille ! Ils n’ont aucune idée du nombre des années… 68 ans, c’est comme un siècle ! En même temps ils m’entraînent dans de grandes promenades… Ils me maintiennent en bonne santé ! Tous les âges ont leur charme. Au début, les baisers, les caresses… Viennent les dessins, les jeux, puis les grandes discussions dans la cuisine, ça se passe toujours dans la cuisine ! Je me sens une grand-mère moderne, jeune et classique en même temps ! En fait les petits-enfants nous obligent à rester « jeunes d’esprit »… Nous devons évoluer avec eux pour intégrer leur monde si différent du nôtre ! Ils nous obligent à réfléchir et ne pas avoir de réponses toutes faites… ça, c’est le pire !
La fête des grand-mères ? Autant mon mari trouve que c’est une fête commerciale, autant je trouve que c’est une jolie journée qui devrait prendre de plus en plus d’ampleur devant le rôle que nous jouons dans ce monde de brutes ! Je suis si reconnaissante devant les jolis dessins qui me disent avec les couleurs de l’arc-en-ciel que je compte pour eux… Enfin, c’est comme ça que je le reçois !
Témoignage recueilli par Joëlle Guillais, romancière